Lever du
rideau.
Lumière.
MOI
Oui,
je sens que j'avance.
Non, j'ai peur qu'on me devance.
Cette
sensation de me battre sans fin et sans succès.
Cette
sensation de vouloir sans jamais avoir.
Passé,
protège moi. Futur, promets moi.
Me
lancer dans mon monde, dans ce monde que j'admire, dans ce monde
auquel je rêve toutes les nuits ? D'accord.
Mais
attendez ! J'ai cette boule à l'estomac, vous voyez? Le
« trac » je crois qu'elle s'appelle.
Fondu au
noir. Un projecteur. Fond-scène.
« C'est trop dur » dit-on.
« Et
si ça ne marche pas ? » demande-t-on.
« C'est
un monde de fou » répète-t-on.
« Comédienne?
Ah oui, quand même... » balbutie-t-on.
« C'est
une sur un million, tu sais ? » insiste-t-on.
Oui.
Je sais. Et alors ?
«
Qui ne tente rien n'a rien », on le dit aussi, non ?
Et
« Quand on veut on peut », ça ne vaut plus maintenant ?
Je
n'aime pas le mot impossible. Je préfère l'improbable.
Ne
pouvons nous pas grimper, grimper, puis grimper et grimper toujours
sans jamais tomber ? Et malgré le vertige, regarder en bas et
se sentir fière d'être monté si haut ?
Ne
pouvons nous pas contrôler cette angoisse du nouveau qui nous domine
tous autant que nous sommes ?
Ne
faut-il pas se battre pour ce qu'on aime, pour ce qu'on désire?
N'est-ce pas cette philosophie que vous nous enseignez pour grandir?
« Fais
quelque chose qui te plait, ma Gathoune, c'est le plus important ».
Donc,
excusez moi, mais comme promis, j'écoute et j'obéis.
Pleins
feux. Avant-scène.
« Cette
enfant sera une star » a t-on murmuré.
« J'y
crois, ma chérie» m'a t-on souri.
« Tu
y arriveras, ma princesse » m'a t-on dit sans cesse.
Vous
voulez que je vous dise ?
Oui,
j'ai ce maudit trac.
Mais
peu m'importe, je me lance.
Oh
mon vertige, mon petit prestige.
Noir.
MA
VOIX OFF
« Savoir
porter sa croix et avoir la foi. J'ai foi et j'ai moins mal, et
lorsque je pense à ma vocation, je n'ai pas peur de la vie. » Tchekov
Fermeture du rideau.
Paris, 2014